Xylella fastidiosa : la bactérie qui « étouffe » les arbres

Un parasite des arbres fruitiers

Cette maladie était déjà bien connue aux Etats-Unis, dont certaines formes avaient provoqué d’importants dégâts, notamment en Californie, sur les lauriers roses, les pêchers, les citronniers et surtout les cépages de vigne, décimés par la maladie de Pierce, autre variante de la Xylella fastidiosa. A ce jour, elle serait présente sur tout le continent américain. En Europe, la région des Pouilles dans le sud de l’Italie est la zone la plus touchée, on estime à 1 millions le nombre d’oliviers malades. Son introduction en Europe serait vraisemblablement due à l’importation de plants venus du Costa Rica, d’ailleurs, un plant de café infecté en provenance de ce pays avait été détecté au marché de Rungis le 15 avril 2015.

La Xylella fastidiosa est transmise par les insectes de type piqueurs-suceurs, les deux principaux étant la cicadelle et le cercope. La cigale entre dans cette catégorie d’insectes mais son impact serait négligeable. En perçant une petite brèche dans l’écorce de l’arbre pour se nourrir, le piqueur-suceur permet à la bactérie de s’installer dans le xylème du bois et d’infecter les vaisseaux en bloquant le passage de la sève ce qui entraîne une nécrose des branches. Si cette maladie est aujourd’hui connue pour toucher les plantations d’oliviers, les autres arbres fruitiers sont aussi en danger : abricotiers, pêchers, amandiers, pruniers, cerisiers, agrumes, vignes mais encore chênes sont des victimes potentielles. A ce jour, tout le bassin méditerranéen est menacé.

L’abattage des arbres en prévention de la Xylella fastidiosa 

L’élagage des arbres malades n’est qu’une solution partielle. En effet, l’élimination des branches infectées ne permet que de retarder la déchéance de l’arbre, car une fois présente dans la sève, la bactérie contamine rapidement la totalité du plant. C’est pourquoi l’abattage de l’arbre infecté est avancé comme étant la seule solution efficace à ce jour. Bien que l’usage d’antifongiques à base de cuivre semble freiner la progression de la maladie, l’élimination par pesticides des insectes vecteurs de la Xylella fastidiosa est fortement conseillée. Enfin, l’élagage des arbres sains est à éviter dans ces circonstances, puisque la coupe d’une branche constitue un point d’entrée pour la bactérie.

Afin d’éviter la propagation de la maladie, le parlement européen a décidé l’abattage préventif des arbres dans un périmètre comprenant la zone infectée et une zone tampon d’un rayon de 20 km supplémentaires. A ce périmètre, s’ajoute un rayon de 100 m qui fera l’objet d’une surveillance accrue et dans lequel les plants potentiellement contaminables pourront être détruits. D’autres mesures à l’échelle locale ont été prises, comme en Corse, où il est désormais interdit d’y introduire des plants de quelque nature que ce soit. Les pépiniéristes doivent demander une autorisation spéciale avant de vendre des plantes sur l’île, leurs marchandises peuvent par ailleurs être mises en quarantaine pour s’assurer de l’absence de l’agent pathogène. Enfin, le commerce de plantes issues de zones touchées par la maladie est à proscrire, en cas de plants susceptibles de provenir d’une région à risque, une mise en quarantaine systématique peut être demandée.

Matériel d’élagage et contamination par la Xylella fastidiosa 

En raison de la possible contamination par le matériel, les élagueurs sont incités à procéder à une désinfection de leur matériel de coupe suite à l’élagage d’un arbre infecté. Par ailleurs, les autorités demandent explicitement aux professionnels du secteur de ne pas amener de matériel en provenance de zones touchées par la maladie. En Corse, un arrêté préfectoral interdit l’importation de matériel en provenance de régions contaminées.

La Xylella fastidiosa a été signalée dans les Pouilles en octobre 2013 mais les autorités italiennes n’ont pris de mesures que depuis quelques mois, ce retard a aujourd’hui de lourdes conséquences sur les oliveraies de cette région. La détection précoce des arbres infectés est donc primordiale, les professionnels de l’horticulture, de l’agriculture et de l’élagage sont les premiers avertis, d’autant que cette maladie peut être confondue avec un stress hydrique ou une phytotoxicité liée à un excès de sel ou de bore en raison de la similarité des symptômes.

Les principaux symptômes liés à la Xylella fastidiosa sont les suivants :

  • La présence de brûlures foliaires voire de desséchement des rameaux dans le cas du laurier rose, de l’amandier, de l’olivier, du chêne, de l’orme, du platane ou encore du sycomore.
  • La présence de chloroses foliaires sur les caféiers et les arbres de type Citrus, qui engendrent des agrumes de petite taille.
  • Une coloration inhabituelle des feuilles de vigne virant au rouge et au jaune, une lignification anormale apparait et les pétioles persistent après la chute des feuilles.
  • La croissance de la plante est retardée dans le cas de la luzerne et les feuilles prennent une coloration bleutée.
  • Dans le cas du pêcher, les branches de l’arbre retombent et les entre-nœuds sont moins nombreux.

La bactérie Xylella fastidiosa reste mal connue, des études sont en cours pour comprendre comment cette bactérie interagit avec l’environnement et les autres maladies présentes afin de mettre au point des moyens de lutte adaptés. Certains arbres peuvent être des hôtes de la maladie sans pour autant en avoir les symptômes. Enfin, il est possible que les premiers symptômes ne soient visibles qu’un mois après la contamination par la bactérie. 

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