Tout savoir sur les cordes

1/ La composition d’une corde

Une corde est composée de plusieurs fils tressés ensemble que l’on appelle toron. Elle possède une partie centrale, l’âme, et une partie extérieure, la gaine. Découvrez ci-dessous plus de précisions quant à la composition d’une corde et sur les différents termes techniques qui lui sont associés.

· L’âme de la corde

C’est elle qui détermine si une corde est dynamique ou non. Plus l’âme de la corde est épaisse, plus la corde est dynamique. L’âme de la corde peut être soit tressée, soit gainée. Avec une âme tressée, la corde réduit l’effet de glissement entre l’âme et la gaine.

· La gaine

C’est elle qui détermine la résistance à l’abrasion face au frottement. Plus la gaine est épaisse, plus la corde est résistante à l’abrasion.

· Le nombre de fuseaux

Le nombre de fuseaux correspond au nombre de fils constituant la gaine de la corde. Plus il y a de fuseaux, plus la corde sera lisse et sera composée de fils fins. Par conséquent, la gaine sera fine et l’âme de la corde plus épaisse ce qui donnera une corde dynamique mais peu résistante à l’abrasion.

Au contraire, un nombre de fuseaux bas indique que la corde a une gaine épaisse et une âme fine. Par conséquent, la corde sera plus rugueuse et résistante à l’abrasion mais elle sera moins dynamique.

· L’épissure d’une corde

Il s’agit de la réunion de deux bouts d’une corde via l’entrelacement de ses torons.

· L’effet chaussette

Il s’agit du surnom donné au phénomène de glissement de la gaine sur l’âme de la corde. La gaine est tissée sur l’âme de manière plus ou moins serrée. Si le tissage est trop lâche, la corde est souple et la gaine risque de fortement glisser sur l’âme. Cela provoque un vieillissement trop rapide de la gaine et un risque de blocage du système d’assurage. Cet effet chaussette doit être inférieur à 2 % lorsque l’on étire la corde trois fois d’affilée.

· La force de choc

La force de choc correspond à l’énergie dissipée par la corde pour arrêter la chute d’un grimpeur. Cette énergie se propage vers la chaîne d’assurage (mousquetons et points d’ancrage). C’est également l’impact que ressent le grimpeur lors de l’arrêt de sa chute.

La force de choc prend en compte de nombreux facteurs comme l’allongement de la corde, le corps du grimpeur, le déplacement de l’assureur, le glissement de la corde, etc. Plus la corde a une forte capacité d’absorption de l’énergie, plus la force de choc sera faible et donc l’impact sur le grimpeur également.

Quand la force de choc est indiquée sur une corde, elle précise la force maximale à laquelle la corde peut être soumise (selon des tests normalisés).

· Le facteur de chute (théorique)

Il permet de déterminer la sévérité d’une chute en escalade. Il comprend trois niveaux : 0, 1 ou 2. Plus le facteur de chute est élevé, plus les efforts générés par la corde pour retenir le grimpeur seront importants. Cependant, plus la corde est longue, plus elle pourra absorber une chute de grande hauteur. Attention : le facteur de chute est uniquement valable pour une corde dynamique.

· Le facteur de chute réel

Contrairement au facteur de chute théorique qui ne prend pas en compte le frottement de la corde sur un rocher ou dans les dégaines, le facteur de chute réel prend en compte ces éléments pour son calcul. Ainsi, seule une partie de la corde va effectivement absorber la chute car les frottements empêchent la corde de s’allonger entièrement. Cette partie de corde se nomme « longueur de corde efficace ».

2/ Les différents types de cordes

Il existe plusieurs types de cordes dont la composition et l’utilisation diffèrent.

· La corde statique

La corde statique ne s’allonge pas et n’absorbe pas d’énergie. Elle est conçue pour résister à une charge mais pas pour arrêter une chute. C’est pourquoi, il est interdit de s’encorder sur une corde statique.

· La corde semi-statique

Cette corde possède un allongement modéré, ce qui lui permet d’absorber l’énergie des chutes de facteur 1. Elle est principalement utilisée pour la spéléologie, les secours et les travaux en hauteur. Cette terminologie regroupe les cordelettes servant à confectionner des nœuds autobloquants et à attacher du matériel mais aussi les cordelettes de hissage et les cordes de rappel.

· La corde dynamique

Il s’agit d’une corde très élastique (= qui a un grand allongement) qui absorbe les chocs et limite les forces d’impact sur les points d’ancrage. Elle est conçue pour arrêter les chutes de facteur 2. Elle est adaptée à l’escalade et l’alpinisme.

· La corde de rétention

Cette corde est spécialement conçue pour le démontage et l’abattage des arbres mais aussi pour la rétention de branches et de billions. Elle est souple et résistante au frottement ainsi qu’à l’abrasion.

· La corde de rappel

La corde de rappel est une corde à double respectant la norme EN 892 (voir plus bas). Elle possède deux brins, ce qui permet au grimpeur de pouvoir effectuer une descente en rappel en toute sécurité. Elle s’utilise en alpinisme et sur les grandes voies sportives.

· La corde flottante

Utilisée pour le canyonisme, la corde flottante possède une âme en polypropylène qui lui permet de flotter sur l’eau. Elle peut également servir à des opérations de secours en mer.

3/ Les normes relatives aux cordes

1. La norme EN 1891 pour les cordes semi-statiques

La norme EN 1891 est très spécifique car elle ne s’applique qu’aux cordes semi-statiques tressées, gainées et comportant un coefficient d’allongement de 8,5 à 16 mm. Elle définit deux types de corde :

  • la corde de type A qui possède une résistance statique de 22 kN et peut supporter cinq chutes de facteur 1 avec une masse de 100 kg avant de se rompre
  • la corde de type B qui possède une résistance statique de 18 kN et peut supporter cinq chutes de facteur 1 avec une masse de 80 kg avant de se casser

Ces cordes permettent d’arrêter une chute de facteur 1. Il ne faut donc pas monter au-dessus du point d’ancrage de la corde. Elles sont à préconiser pour le travail en hauteur avec maintien au poste de travail, les sauvetages et la spéléologie.

La norme explique également quelles informations le fabricant doit fournir à propos des cordes (par exemple : le mode d’emploi) mais aussi les exigences relatives à ce type de corde et le marquage à apposer.

2. La norme EN 892 pour les cordes dynamiques

La norme EN 892 est spécifique aux cordes dynamiques gainées. Elle permet de distinguer trois types de cordes :

  • la corde à simple (1) : le grimpeur monte avec un seul brin, par conséquent la corde se doit d’avoir un gros diamètre et une gaine épaisse de manière à être très résistante ; elle est préconisée pour des voies d’une longueur ou des voies de plusieurs longueurs ne nécessitant pas de descente en rappel
  • la corde à double (1/2) : le grimpeur monte avec deux brins mais seul un des brins est obligatoire pour les descentes en rappel en montagne ou sur les grandes voies de falaise
  • la corde jumelée (00) : le grimpeur monte avec deux brins qui doivent toujours être mousquetonnés ensemble car ils doivent toujours être utilisés en parallèle ; elle permet de faire des rappels notamment en grande voie montagne ; elle peut aussi être utilisée en randonnée

La corde à double et la corde jumelée possèdent, toutes les deux, deux brins. Mais la principale différence réside dans la manière de les utiliser : autant il est obligatoire d’encorder les deux brins ensemble pour la corde jumelée, autant les deux brins peuvent être encordés séparément ou ensemble pour la corde à double.

La corde à double permet une ascension à plusieurs : par exemple un leader et deux seconds. Dans ce cas, le leader doit s’encorder aux deux brins mais les seconds peuvent s’encorder chacun à un brin.

La norme apporte des exigences techniques quant à ces cordes :

  • la corde à simple doit résister à cinq chutes consécutives de facteur 1,77 avec une masse de 80 kg, sa force de choc maximale doit être de 12 kN
  • la corde à double doit résister à cinq chutes consécutives de facteur 1,77 avec une masse de 55kg, sa force de choc maximale doit être de 8 kN
  • la corde jumelée doit résister à cinq chutes consécutives de facteur 1,77 avec une masse de 80 kg, sa force de choc maximale doit être de 12 kN

Ces cordes sont principalement utilisées en alpinisme et en escalade mais elles peuvent occasionnellement être utilisées pour les travaux en hauteur et pour les secours.

3. La norme EN 564 pour les cordelettes

La norme EN 564 concerne les cordelettes constituées d’une âme et d’une gaine ayant un diamètre compris entre 4 mm et 8 mm. Elle précise que les cordelettes sont statiques, par conséquent elles ne peuvent servir qu’à supporter une charge et non pas à arrêter une chute car elles n’absorbent pas d’énergie.

3/ Les différentes matières

Une corde peut être fabriquée à partir de différentes matières. Voici une liste de celles-ci avec leurs avantages et inconvénients :

  • Dyneema : il s’agit d’une fibre synthétique en polyéthylène de haute résistance. Elle s’emploie pour des usages statiques sur cordelette ou sangle. Elle possède une bonne résistance au pliage, au cisaillement, à l’abrasion et à la traction. Elle est également facile à couper. Cependant, elle possède une faible élasticité et ne doit pas être utilisée ou stockée au-delà de 80°C.
  • Kevlar (aramide) : de couleur jaune, cette fibre est à employer pour des usages statiques notamment sous forme de cordelettes. Elle est très résistante au frottement et à la traction. Cependant, elle possède une faible élasticité et est difficile à couper. Elle résiste peu au pliage et aux UV, c’est pourquoi elle doit être utilisée avec une gaine.
  • Nylon (polyamide) : la matière la plus utilisée pour la fabrication de corde dynamique parce qu’elle est très élastique et très résistante, sa capacité pour absorber l’énergie est élevée. Le nylon subit généralement un traitement thermique qui rétracte la fibre et augmente sa capacité d’absorption de l’énergie. Son point de fusion est de 265°C.
  • Polyester : il est utilisé pour les cordes statiques qui ne demandent pas beaucoup d’allongement étant donné qu’il a une faible élasticité. Cependant, il a une meilleure résistance à l’abrasion et aux UV que le nylon. A utiliser pour les interventions ou les grands rappels.
  • Polypropylène : il possède une faible densité (0,9), par conséquent il est utilisé pour les cordes flottantes de canyonisme. Il est sensible à la chaleur et à l’abrasion, il doit donc impérativement être utilisé avec une gaine en nylon.

4/ Comment choisir sa corde ? – les critères

Maintenant que les cordes n’ont plus de secret pour vous, il est temps de choisir celle qui vous sera utile pour vos travaux. Comment choisir la bonne corde ? Voici la liste des critères à prendre en compte pour effectuer ce choix :

  • le diamètre (compris entre 7 mm et 11 mm) : plus la corde est fine, plus elle est souple et légère par conséquent les petits diamètres sont réservés aux professionnels
  • le poids au mètre : il s’agit d’une information importante car le poids au mètre peut varier du simple au double selon le type de corde employée
  • l’allongement dynamique : c’est la mesure de l’allongement de la corde lors de la première chute (elle ne doit pas dépasser 40 % lors de cette première chute), plus cette mesure est élevée, plus la corde est élastique (idéal en cas de chute) et plus cette mesure est basse, plus la corde sera résistante à l’usure (idéal pour les remontées sur corde)
  • la force de choc : il s’agit de la force maximale à laquelle une corde peut être soumise en cas de chute du grimpeur, cette mesure est théorique et permet de comparer les cordes d’une même gamme
  • le nombre de chutes : c’est le nombre maximal de chutes que la corde peut supporter avant de se rompre (voir norme EN 1891 et norme EN 892)
  • les traitements et technologies : la corde peut recevoir un traitement spécial afin d’augmenter ses capacités, par exemple un traitement thermique pour homogénéiser la corde ou la technologie Unicore qui rend solidaire l’âme et la gaine de la corde

5/ Produits issus du cordage

De nombreux produits ont été conçus à partir de la corde. Ils sont utilisés la plupart du temps dans les mêmes domaines d’application que celle-ci :

  • le prussik : petite corde utilisée pour la confection de nœuds autobloquants servant à fixer une cordelette à une corde fixe, existe également en version mécanique
  • la drisse : permet d’assurer les montées et les descentes d’un grimpeur en absorbant l’énergie d’une chute
  • la fausse fourche : il s’agit d’un point d’ancrage provisoire transportable (selon la norme 795 B), elle permet de coulisser la corde entre les deux anneaux afin de protéger le tronc de l’arbre sur lequel le grimpeur monte
  • l’élingue : il s’agit d’un accessoire de levage souple en cordage permettant de soulever des charges, peut être utilisé lors d’un démontage d’un arbre, existe également en sangle, câble mécanique ou chaîne
  • le protège corde : il s’agit d’un accessoire pour corde qui sert à guider la corde en mouvement pour éviter les frottements et ainsi éviter que la corde ne s’use trop vite
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